Douglas Kennedy
Douglas Kennedy publie un récit de voyages sur les grandes places financières mondiales écrit au début des années 1990. Un intéressant coup d'oeil dans le rétroviseur...
Douglas Kennedy a écrit un texte à mi-chemin entre le reportage et le roman financier. - joel saget/AFP
En ces temps de crise où les années de folie du monde de la finance ont éclaté au grand jour, le dernier livre de Douglas Kennedy tombe à pic. Traduit pour la première fois en français, « Combien ? » a en fait été écrit en 1992, dans le sillage des années de boom économique qui ont suivi l'ère de dérégulation Reagan-Thatcher. « Combien ? » se penche donc sur les premiers excès de ce monde à part.
Douglas Kennedy se comporte quasiment comme un psy dans cet univers qu'il découvre en interrogeant les acteurs du quotidien, traders et autres spécialistes des fusions-acquisitions. Une génération d'individus qui s'est le plus souvent laissée entraîner dans l'ère de l'argent à tout prix, l'enrichissement à toute force. Quitte à sacrifier ses rêves de jeunesse.
C'est le cas par exemple à New York, centre financier par excellence. Douglas Kennedy y revoit Ben, un vieux pote d'université qui travaille à Wall Street depuis quatorze ans et gagne beaucoup d'argent. Vraiment beaucoup. Au cours d'une soirée organisée sur le thème du pot de Noël, Ben présente à l'auteur d'anciennes têtes connues à l'université dont la plupart sont devenues des financiers. C'est le cas de Howie Lowell, ancienne bénévole humanitaire qui se retrouve spécialiste des fusions-acquisitions ou encore de Toby Wong qui voulait devenir biochimiste ou journaliste sportif, « un métier qui rapporte peu ».
Ainsi commence son récit, à mi-chemin entre le reportage et le roman financier, Douglas Kennedy nous livre un texte bien rythmé, sans à-coup, passant d'un personnage à un autre avec un regard réaliste. Loin des clichés jugeant ces magnats de la finance comme des irresponsables, des profiteurs, des « vendus au système », il y voit la plupart du temps des gens responsables mais surtout victimes de l'image sociale qu'ils veulent donner. Il décrit avec précision chacune de ses rencontres à Londres, Singapour, Sydney, mais aussi sur des places plus exotiques et en pleine construction comme Casablanca ou Budapest. On notera l'absence de Paris.
« Repousser les limites »
L'auteur a décidé d'écrire ce roman à un moment de sa vie qu'il qualifie d'« intéressant ». Après avoir publié deux récits de voyages (« Au-delà des pyramides » sur l'Egypte et « Au pays de Dieu » sur la religiosité aux Etats-Unis), il entreprend selon ses termes de « repousser les limites » de ce genre littéraire. Chaque chapitre est aussi l'occasion d'une titraille exemplaire : « Le pacte faustien », relatif à Singapour et ses banquiers pressés de s'enrichir à la mode occidentale tout en acceptant le joug de leur dictateur ; « Midnight Money », du nom de cet argent amassé par les traders australiens travaillant de nuit pour suivre les places américaines et londoniennes ; ou encore « La nouvelle Jérusalem » pour définir la City. Si vous êtes financier, sachez toutefois que ce roman ne vous dépaysera pas sur les plages cet été...
Par Rejane Reibaud | 09/08/2012 - Les Echos
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